J 25 - 37km - Mirambeau (17)
En se réveillant Thierry a tellement mal derrière le genou, qu'il prend deux dolipranes.
Il se traine.
Hier soir nous avons discuté d'un sujet important : il n'a aucune envie de faire un quelconque pélerinage...il souhaite juste passer du temps avec moi...
Il parle de rentrer à Dammarie les lys, et je ressens de la tristesse.
Je lui propose de se reposer aujourd'hui, en prenant un taxi pour Mirambeau. Il n'aura qu'à m'attendre là-bas avec un bouquin car l'étape est longue et je ne le vois pas marcher 7 heures avec son sac sur le dos.
Il est d'accord et ce soir nous aviserons pour la suite.
C'est donc à nouveau seule que je marche. Cette marche solitaire me convient toujours, par contre le poids de mon sac est de plus en plus difficile à supporter et je fais de nombreux arrêts.
Je me dis à moi même :'mon sac...ma croix..."
Je me demande pourquoi je m'impose ces douleurs alors que tant de gens souffrent sans avoir d'autre choix.
Je repense à la suggestion du rituel avec un arbre en quittant la Charente maritime. Je réalise que je n'ai plus qu'une étape avant de quitter ce département et d'entrer en Gironde.
Pourquoi voulais-je aller jusqu'à Roncevaux ? Parce que ce nom de lieu me faisait rêver quand j'étais en primaire...
Je rêflechis tout en marchant ; il fait très chaud aujourd'hui, au moins 35°, et entre les vignes et les tournesols, il n'y a que très peu d'ombre.
Je me demande ce que je fais là. Je n'ai plus d'eau et j'ai soif.
Arrivant dans un hameau, je frappe aux portes des trois maisons qui semblent habitées, mais il n'y a personne.
C'est un homme qui plus loin répare son toit qui m'interpelle et me fait rentrer à l'ombre dans sa ferme où sa mère me donne la meilleure eau que je n'ai jamais bu !!!
Elle me dit aussi que ce n'est pas très raisonnable de marcher sous ce soleil de plomb.
Je repars, en méditant sur le sens. Le sens. Il faut que chacun de mes pas ait un sens !
Souvent, dans ma vie de femme, je me suis sentie épuisée avec le fort désir que "tout s'arrête", pour qu'enfin je me repose.
Aujourd'hui, j'ai le choix : je peux m'arrêter rentrer avec Thierry.
J'ai déjà remarqué que quand je suis avec lui, comme dans les livres de Paolo Cuello, tout est là, devant ma porte... Je n'ai rien à aller chercher ailleurs.
Lorsque j'arrive à Mirambeau 8 heures et 37km après mon départ , Thierry vient à ma rencontre.
En mangeant une glace à la terrasse d'un café, je lui fais part de mes réflexions.
Que je rentre avec lui lui semble génial ! (Je m'en doutais !)
Demain, l'étape est courte, il va essayer de marcher avec moi.
Il me masse le dos que j'ai en compote et dodo ; je n'ai pas besoin de berceuse !
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