J 26 - 17,9km - Saint-Aubin-de-Blaye (33)
Malgré sa tendinite, Thierry tient à marcher cette dernière journée avec moi.
Il a plu toute la nuit et la température a chutée. Hier après-midi plus de 35° et aujourd'hui à peine 25° sont annoncés. Ces variations me rajoutent de la fatigue.
C'est étrange de me dire "c'est ma dernière journée".
Je vais sortir de Charente maritime tout à l'heure, c'est un peu comme quitter la matrice, et maintenant me laisser porter par la vie sans trop savoir à l'avance où elle me mène. Ne plus vouloir tout contrôler, pour moi, c'est très nouveau !
L'air est ellement humide ce matin que mon sac ventral en coton est tout mouillé, c'est assez incofortable.
Pour l'instant nous suivons encore les bornes en pierre de saintonge, mais j'imagine que ces indications vont s'arrêter en entrant en Gironde.
Mon guide signal que le passage sur l'autoroute annonce le changement imminent de département.
Il faut donc que je choississe un arbre pour mon rituel. Il y a juste de l'autre côté du pont de l'autoroute un superbe pin. Il semble bien planté sur ses racines, une belle ramure dréssée vers le ciel, et des épines répendues partout sur le sol. Elles me font penser aux enfants que l'on lâche un jour et qui vont aller on ne sait où, porter par leur chemin propre.
Thierry me laisse seule avec ce pin, je prends mon temps... Puis, je ramasse quelques aiguilles que je souhaite garder.
Et...nous entrons en Gironde.
Nous n'avons plus qu'une heure de marche à faire. Il est 10h30 quand à l'horizon dans un hameau perdu je vois un gros chien entre deux maisons. J'ai toujours une appréhension avec les gros chiens. Mais heureusement, une vieille dame un peu voutée, sort et appelle le chien qui lui obéit de manière exemplaire. Nous arrivons à la hauteur de la grand-mère qui nous dit que le chien n'est pas méchant (on nous dit toujours ça !). Et elle ajoute :
" Vous faites Compostelle ?"
Nous : "Oui".
Elle : "Alors, entrez boire un café !".
Et nous voilà installés dans la cuisine de Marcelle devant une grande tasse de café avec un morceau de clafoutis aux poires délicieux.
C'est sûrement notre dernière belle rencontre de ce chemin, et nous la savourons. Cette femme est d'une grande générosité. Elle offre café, gâteau, repas à tous les pélerins qu'elle trouve devant sa porte.
Sa maison est très modeste mais sa richesse est ailleurs, dans son coeur.
Elle nous montre les photos et les cartes postales de pélerins avec qui elle est toujours en contact. Nous échangeons nos coordonnées. Nous lui écrirons car je comprends que c'est comme ça qu'elle aime être remerciée, dans le lien qui se poursuit.
Marcelle nous propose de partager son gratin de courgettes, mais nous souhaitons arriver tôt à Saint-Aubin-de Blaye pour nous reposer, et déclinons l'invitation à déjeuner.
Mais je vous écrirai Marcelle, c'est promis.
Nous arrivons à midi au terme de notre étape, seulement il n'y a qu'une boulangerie pour se restaurer. Nous fabriquons donc deux sandwichs avec quelques trucs trouvés au fond de mon sac.
Cet après-midi il bruine, et nous passons la soirée à bouquiner à l'hôtel.
Je dors mal cette nuit. Impression désagréable de ne pas très bien savoir où je suis, où je vais...je ne suis pas encore une pro en ce qui concerne le lâcher de contrôle sur les événements de ma vie...
10 ans de travail personnel et professionnel sur le lâcher-prise n'ont pas suffit !!
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